En 1548, date à laquelle Meigret publie sa traduction du Menteur, l’œuvre de Lucien a déjà fait l’objet de nombreuses éditions (texte grec, traductions latines, traductions françaises).
Meigret a peut-être eu accès au texte grec (comme il le déclare dans le titre même de l’ouvrage, « traduit de grec en françoes par Louis Meigret Lionoes »), mais il s’est plus vraisemblablement appuyé sur une traduction latine.
Le texte grec
Manuscrit conservé à la BNF (Philopseudès à partir de la vue 397)
Edition princeps du texte grec, parue en 1496, à Florence, chez Janus Lascaris [en ligne, exemplaire numérisé de la Bayerische StaatsBibliothek Philopseudes à partir du feuillet 186)
Meigret pouvait accéder au texte grec dans les Opera quae graece extant, omnia in duos tomos digesta… publiés à Bâle, chez Isingrin, en 1545. [en ligne]
(Texte grec en ligne sur le site Perseus Digital Library)
Traductions latines
Une traduction du Philopseudès en latin paraît à Bologne dès 1505. Elle est l’œuvre de l’humaniste Costantino Claretti.
Dès 1506 paraissent les traductions d’Érasme et Thomas More sous le titre Luciani viri quam disertissimi compluria opuscula longe festivissima ab Erasmo Roterodamo & Thoma Moro interpretibus optimis in latinorum linguam traducta: hac sequentur serie. Thomas More est le traducteur du Philopseudes.
Les traductions d’Érasme et de Thomas More font l’objet de constantes rééditions. Meigret pouvait connaître l’édition des Opera quae quidem extant omnia, parue à Francfort en 1543 (Philopseudes f°. 245r)
Ou l’édition de Jean de Roigny et Michel de Vascosan en 1546 : Luciani Samosatensis opera, quæ quidem extant, omnia, a Graeco sermone in Latinum conversa, nunc postremùm multo diligentius et melius quam ante, ad Græcum exemplar correcta et emendata (Philopseudes f°. 271)
La traduction de Thomas More au format texte est disponible sur le site du Center for Thomas More Studies.
« Si Lucien a été si souvent édité au XVIe siècle, ce n’est donc pas parce qu’on voulait répandre subrepticement le venin d’une pensée subversive, mais bien parce que ayant écrit des textes courts, dont beaucoup sont à la fois amusants et conformes à la morale traditionnelle, faciles à comprendre et à traduire, il était un auteur de choix pour qui voulait initier à la connaissance du grec » (Christiane Lauvergnat-Gagnière, Lucien de Samosate et le lucianisme en France au XVIe siècle, p. 81)
Quelques références sur Lucien à la Renaissance :
Ioannis Deligiannis, « Production et diffusion des traductions latines de Lucien à la période de la fin du manuscrit et des débuts de l’imprimé (fin XVe siècle-fin XVIe siècle) », Astérion [En ligne]
Lauvergnat-Gagnière, Christiane, Lucien de Samosate et le lucianisme en France au XVIe siècle, Genère, Droz, 1988.
Mayer, Claude-A. , Lucien de Samosate et la Renaissance française, Genève Slatkine, 1984.
Thompson C. R. « The Translations of Lucian by Erasmus and S. Thomas More », Revue belge de philologie et d’histoire, tome 18, fasc. 4, 1939. pp. 855-881. [en ligne]
Thompson C. R. « The Translations of Lucian by Erasmus and S. Thomas More (Continuation) », Revue belge de philologie et d’histoire, tome 19, 1940. pp. 5-35 [en ligne]